La société de consommation mène t’elle au bonheur ?
La « société de consommation », c’est fou comme ce terme s’est progressivement doté d’une connotation vulgaire et insultante. Alors que de plus en plus de voix s’élèvent contre cette société dans laquelle l’achat de biens devient une finalité et contre toutes les dérives compulsives qu’elle engendre, il est particulièrement intéressant de noter que l’INSEE mesure encore son indice de « moral des ménages » sur la seule base du degré de capacité à consommer. Dans nos cultures occidentales, le bonheur pourrait-il être corrélé à cette idéologie mercantile outrancière ? Après tout, nous sommes parfaitement en droit de nous poser la question tant la société de consommation résiste avec brio aux incessantes critiques philosophiques, psychologiques, sociales ou environnementales.
La société de consommation comme créatrice du bonheurLe principe de la société de consommation est de créer un besoin chez une personne dans le but de l’amener à se procurer un produit dont le caractère indispensable est généralement très discutable. Elle joue donc, par le biais d’outils, sur les besoins fondamentaux secondaires de l’être humain : l’appartenance, l’estime et la réalisation. L’accomplissement d’actions intentionnelles étant une composante fondamentale du bonheur, l’individu lambda se sent heureux lorsqu’il comble l’un des besoins que lui a suscité le monde dans lequel il vit. Peu importe que ce besoin ait été construit de toutes pièces, le fait qu’il soit commun à une multitude de personnes suffit à en faire une envie incontournable. Peu importe les mentalités, les personnalités, le rapport à l’argent. Lorsque la nouvelle télé 3D de chez Sony voit le jour, tous les heureux possesseurs de l’immense télévision plasma HD sortie un an auparavant veulent posséder le bijou dernier cri qui a su renvoyer leur objet préféré dans les tréfonds de leur désintérêt. Dans un monde où nos besoins primaires (boire, manger, être en sécurité) sont généralement remplis, chaque nouveau produit peut procurer une injection de bonheur et de bien être en comblant un vide qui n’existait pas 6 mois plus tôt.
Les limites à l’idéologie consuméristeCette situation n’a pour l’instant rien de critiquable : nous créons en permanence de nouveaux objets de convoitise capables de nous rendre heureux pendant le court laps de temps qui nous sépare de la sortie du prochain gadget à la mode. Cela pourrait être une manière efficace de maintenir des niveaux élevés de satisfaction sur le long terme, à condition de conserver cette vitesse ahurissante de renouvellement et cette fibre créative et innovante. Pourtant, deux arguments viennent ternir ce tableau idyllique d’une société de consommation, créatrice d’un bonheur artificiel sans cesse renouvelable :
Consommer des expériences de vieCes sources de bonheur durable auxquelles je fais référence, ce sont simplement les expériences de la vie : les rencontres, les émotions, les joies, les peines, les peurs, les découvertes. Les biens de consommation ne nous font pas nous sentir vivants, ils ont plutôt tendance à nous vider de notre caractère et de notre humanité. En consommant à outrance, vous n’avez même plus les quelques euros qui auraient pu vous permettre de prendre un verre à un café ensoleillé avec quelques personnes que vous appréciez particulièrement, vous n’avez plus les quelques billets qui auraient pu vous offrir un week-end loin de chez vous, vous n’avez même plus l’envie de vivre ces véritables moments de vie. Connaissez-vous les personnes que vous côtoyez tous jours ? Vos voisins ? Vos collègues de travail ? A quand remonte la dernière fois que vous avez vécue un grand moment social : un fou rire, un débat endiablé ? A quand remonte la dernière expérience vibrante de votre vie ? Quand avez-vous souris bêtement pour la dernière fois ? Que raconteriez-vous si l’on vous demandait quels sont les expériences les plus enrichissantes de ces six derniers mois dans votre vie ?
Je ne vous dis pas d’arrêter de consommer, je ne suis pas de ces extrémistes qui voudraient retourner vivre à l’âge des cavernes, vêtus de peaux de bêtes en se nourrissant uniquement d’herbes et d’insectes pour mettre un immense revers à la société de consommation. Le progrès a du bon. Je suis d’ailleurs le premier à acheter des biens, j’aime me sentir à la mode, posséder des objets parce qu’ils me simplifient la vie ou parce qu’ils sont performants. Tout est une question de mesure entre le niveau de revenus qui nous sont offerts et la façon dont nous répartissons nos dépenses. Plutôt que de jongler entre un extrême (tout acheter en s’endettant) et l’autre (rien acheter et envoyer valser toute la société de consommation), choisissez la mesure et apprenez à contrôler vos pulsions.
L’argent n’achète pas le bonheur, mais l’argent dépensé intelligemment permet d’accéder plus aisément aux expériences qui feront votre épanouissement. Une expérience est unique, elle ne se compare à rien d’autre au monde, elle est le reflet de ce que vous êtes réellement. Le monde offre tellement de possibilités qu’il semble réellement idiot de s’en priver pour pouvoir acheter le nouvel Iphone 4 parce que votre Iphone3 est « so 2010 ». N’oubliez jamais vos fondamentaux, n’oubliez jamais ce qui à l’aube de la fin de votre vie fera que vous ne regretterez pas un moment de votre vie. Lors de votre prochaine compulsion d’achat, demandez-vous simplement si vous êtes en train de vous priver d’une expérience de vie qui vous manquera un jour ou l’autre.
Au dela de ces conclusions, cet article ouvre la porte d’un questionnement profond sur la volonté des sociétés occidentales d’apposer un modèle culturel qui leur est propre à des pays encore éloigné de l’idéologie consumériste. Notre modèle est-il si bon qu’il n’y parait, ou simplement facile d’accès ? Rehaussera t’il le niveau de bonheur des populations vivant des des pays encore peu soumise à son apposition (souvent pour des raisons de pauvreté ou de contrôle étatique important) ? Que penser de l’occidentalisation fortes de certains pays d’Afrique au sein desquels certaines populations sont extremement pauvres ? Quel est l’impact de l’idéologie de la possession sur des populations n’accédant même pas à la satisfaction de leurs besoins physiologiques ? Je vous laisse y réfléchir dans votre coin!
(note : cet article est déjà paru sur mon ancien blog, certains d’entre vous s’en sont peut être rendu compte, mais il s’agit de l’un de mes préférés et j’estime qu’une bonne piqure de rappel ne fais pas de mal!)
La « société de consommation », c’est fou comme ce terme s’est progressivement doté d’une connotation vulgaire et insultante. Alors que de plus en plus de voix s’élèvent contre cette société dans laquelle l’achat de biens devient une finalité et contre toutes les dérives compulsives qu’elle engendre, il est particulièrement intéressant de noter que l’INSEE mesure encore son indice de « moral des ménages » sur la seule base du degré de capacité à consommer. Dans nos cultures occidentales, le bonheur pourrait-il être corrélé à cette idéologie mercantile outrancière ? Après tout, nous sommes parfaitement en droit de nous poser la question tant la société de consommation résiste avec brio aux incessantes critiques philosophiques, psychologiques, sociales ou environnementales.
La société de consommation comme créatrice du bonheurLe principe de la société de consommation est de créer un besoin chez une personne dans le but de l’amener à se procurer un produit dont le caractère indispensable est généralement très discutable. Elle joue donc, par le biais d’outils, sur les besoins fondamentaux secondaires de l’être humain : l’appartenance, l’estime et la réalisation. L’accomplissement d’actions intentionnelles étant une composante fondamentale du bonheur, l’individu lambda se sent heureux lorsqu’il comble l’un des besoins que lui a suscité le monde dans lequel il vit. Peu importe que ce besoin ait été construit de toutes pièces, le fait qu’il soit commun à une multitude de personnes suffit à en faire une envie incontournable. Peu importe les mentalités, les personnalités, le rapport à l’argent. Lorsque la nouvelle télé 3D de chez Sony voit le jour, tous les heureux possesseurs de l’immense télévision plasma HD sortie un an auparavant veulent posséder le bijou dernier cri qui a su renvoyer leur objet préféré dans les tréfonds de leur désintérêt. Dans un monde où nos besoins primaires (boire, manger, être en sécurité) sont généralement remplis, chaque nouveau produit peut procurer une injection de bonheur et de bien être en comblant un vide qui n’existait pas 6 mois plus tôt.
Les limites à l’idéologie consuméristeCette situation n’a pour l’instant rien de critiquable : nous créons en permanence de nouveaux objets de convoitise capables de nous rendre heureux pendant le court laps de temps qui nous sépare de la sortie du prochain gadget à la mode. Cela pourrait être une manière efficace de maintenir des niveaux élevés de satisfaction sur le long terme, à condition de conserver cette vitesse ahurissante de renouvellement et cette fibre créative et innovante. Pourtant, deux arguments viennent ternir ce tableau idyllique d’une société de consommation, créatrice d’un bonheur artificiel sans cesse renouvelable :
- Les personnes les plus riches ne sont pas les plus heureuse. Elles ont pourtant la capacité de tout acheter et devraient en conséquence pouvoir renouveler leur « bonheur » autant que cela peut leur paraître nécessaire. C’est le paradoxe d’Easterlin : le bonheur généré par une richesse plus élevée est éphémère (au bout de deux ou trois ans, deux tiers de la satisfaction née de l’abondance s’évanouit. L’effet est sensiblement comparable à celui que procurent les drogues dures dont la quantité n’est jamais suffisante). On s’aperçoit en effet que l’appropriation régulière de biens devient en elle-même une habitude, et que seule une augmentation de notre capacité à nous procurer des biens peut à terme booster notre véritable bonheur intérieur. Que ce syndrome de dépassement constant soit individuel (j’en veux toujours plus pour moi-même) ou partagé (j’en veux toujours plus pour être mieux que mon voisin), il n’apparait pas viable à long terme (ne serait-ce qu’à l’échelle d’une vie) pour toutes les raisons citées par les détracteurs de l’idéologie consumériste (destruction de l’environnement, inégalités sociales, limites de l’intérêt d’une vie basée sur la surconsommation uniquement)
- Le reste de notre monde occidental (95% des êtres humains vivant dans les pays dits « développés ») ne peut que tenter de suivre le rythme imposé par les plus riches en tentant de vivre au dessus des moyens financiers qui lui sont offert (c’est-à-dire en prenant part à certaines opérations financières laissant planer l’impression d’une richesse fictives comme c’est le cas des crédits à la consommation ou de l’investissement en bourse). Devant l’aspect non durable du bonheur offert par la consommation, le comportement naturel d’un individu lambda est de faire tout ce qui est en son pouvoir pour consommer de nouveau et faire rejaillir les quelques minutes de joie qui l’ont animé lors de son dernier achat. L’ensemble des moyens dégagés lors de notre vie est donc dirigé vers l’envie de consommer.
Consommer des expériences de vieCes sources de bonheur durable auxquelles je fais référence, ce sont simplement les expériences de la vie : les rencontres, les émotions, les joies, les peines, les peurs, les découvertes. Les biens de consommation ne nous font pas nous sentir vivants, ils ont plutôt tendance à nous vider de notre caractère et de notre humanité. En consommant à outrance, vous n’avez même plus les quelques euros qui auraient pu vous permettre de prendre un verre à un café ensoleillé avec quelques personnes que vous appréciez particulièrement, vous n’avez plus les quelques billets qui auraient pu vous offrir un week-end loin de chez vous, vous n’avez même plus l’envie de vivre ces véritables moments de vie. Connaissez-vous les personnes que vous côtoyez tous jours ? Vos voisins ? Vos collègues de travail ? A quand remonte la dernière fois que vous avez vécue un grand moment social : un fou rire, un débat endiablé ? A quand remonte la dernière expérience vibrante de votre vie ? Quand avez-vous souris bêtement pour la dernière fois ? Que raconteriez-vous si l’on vous demandait quels sont les expériences les plus enrichissantes de ces six derniers mois dans votre vie ?
Je ne vous dis pas d’arrêter de consommer, je ne suis pas de ces extrémistes qui voudraient retourner vivre à l’âge des cavernes, vêtus de peaux de bêtes en se nourrissant uniquement d’herbes et d’insectes pour mettre un immense revers à la société de consommation. Le progrès a du bon. Je suis d’ailleurs le premier à acheter des biens, j’aime me sentir à la mode, posséder des objets parce qu’ils me simplifient la vie ou parce qu’ils sont performants. Tout est une question de mesure entre le niveau de revenus qui nous sont offerts et la façon dont nous répartissons nos dépenses. Plutôt que de jongler entre un extrême (tout acheter en s’endettant) et l’autre (rien acheter et envoyer valser toute la société de consommation), choisissez la mesure et apprenez à contrôler vos pulsions.
L’argent n’achète pas le bonheur, mais l’argent dépensé intelligemment permet d’accéder plus aisément aux expériences qui feront votre épanouissement. Une expérience est unique, elle ne se compare à rien d’autre au monde, elle est le reflet de ce que vous êtes réellement. Le monde offre tellement de possibilités qu’il semble réellement idiot de s’en priver pour pouvoir acheter le nouvel Iphone 4 parce que votre Iphone3 est « so 2010 ». N’oubliez jamais vos fondamentaux, n’oubliez jamais ce qui à l’aube de la fin de votre vie fera que vous ne regretterez pas un moment de votre vie. Lors de votre prochaine compulsion d’achat, demandez-vous simplement si vous êtes en train de vous priver d’une expérience de vie qui vous manquera un jour ou l’autre.
Au dela de ces conclusions, cet article ouvre la porte d’un questionnement profond sur la volonté des sociétés occidentales d’apposer un modèle culturel qui leur est propre à des pays encore éloigné de l’idéologie consumériste. Notre modèle est-il si bon qu’il n’y parait, ou simplement facile d’accès ? Rehaussera t’il le niveau de bonheur des populations vivant des des pays encore peu soumise à son apposition (souvent pour des raisons de pauvreté ou de contrôle étatique important) ? Que penser de l’occidentalisation fortes de certains pays d’Afrique au sein desquels certaines populations sont extremement pauvres ? Quel est l’impact de l’idéologie de la possession sur des populations n’accédant même pas à la satisfaction de leurs besoins physiologiques ? Je vous laisse y réfléchir dans votre coin!
(note : cet article est déjà paru sur mon ancien blog, certains d’entre vous s’en sont peut être rendu compte, mais il s’agit de l’un de mes préférés et j’estime qu’une bonne piqure de rappel ne fais pas de mal!)
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